Un médicament vendu sur ordonnance permettrait de réduire de 60 % le risque de devenir diabétique, mais pourrait entraîner certains effets indésirables.
C’est ce qu’indiquent les résultats d’une étude1 de grande envergure menée simultanément dans 21 pays, auprès de 5 269 personnes montrant des signes de prédiabète de type 2.
Souffrant d’intolérance au glucose, combinée ou non à un taux élevé de glucose dans le sang, à jeun, les participants à l’étude ont reçu, pendant trois ans, soit 8 mg par jour de ce médicament, la rosiglitazone, soit un placebo.
Après trois ans, 11,6 % de ceux qui avaient pris le médicament sont devenus diabétiques, contre 26 % des sujets du groupe contrôle. Par ailleurs, la rosiglitazone a permis un retour à une glycémie normale chez la moitié (50,5 %) des personnes traitées. En comparaison, 30,3 % de ceux qui prenaient le placebo ont aussi retrouvé une glycémie normale.
Les personnes obèses étant plus susceptibles de devenir diabétiques, leur risque d’être atteint de cette maladie était davantage réduit (68 %) que ceux affichant de l’embonpoint (40 %), avec la rosiglitazone.
Équivalent à l’adoption de saines habitudes de vie
Les chercheurs estiment que le traitement permettrait à un prédiabétique sur sept d’éviter la maladie. Ce résultat équivaut à celui qu’on obtiendrait dans une population ayant adopté une alimentation plus saine et un mode de vie plus actif physiquement, selon les chercheurs.
« Le problème avec les nouvelles habitudes de vie, c’est qu’il est difficile de les maintenir, à long terme », déclare le cardiologue Gilles R. Dagenais2, l’un des nombreux scientifiques ayant contribué à l’étude.
Selon lui, la prévention du diabète par les médicaments permettrait d’éviter « les dommages qui peuvent être enclenchés au cours des sept ou huit années qui précèdent généralement le diagnostic de la maladie ».
Et les effets indésirables?
Le Dr Paul Lépine3 ne voit pas les choses du même oeil. « Il faut être extrêmement prudent avec cette tendance de vouloir faire de la prévention avec des médicaments, puisqu’ils entraînent tous leur part d’effets indésirables », souligne-t-il.
De fait, la rosiglitazone a provoqué certains effets indésirables dans le cadre de l’étude. À titre d’exemple, 14 des 2 635 personnes (0,5 %) du groupe traité ont développé de l’insuffisance cardiaque, contre deux au sein du groupe contrôle, soit un risque 700 % plus élevé en pourcentage relatif. On ne rapporte toutefois aucun décès attribuable à ce trouble.
« Nous nous attendions à ce résultat, parce qu’il peut y avoir des facteurs aggravants, notamment chez ceux qui, en plus de la rosiglitazone, prennent de l’insuline et sont atteints d’une maladie cardiovasculaire », explique le Dr Dagenais. Ces facteurs feront d’ailleurs l’objet d’une nouvelle étude.
À la lumière des résultats obtenus au cours de l’étude, et compte tenu que le diabète représente un problème de santé publique grandissant, le Dr Dagenais croit que l’utilisation de rosiglitazone pour prévenir la maladie est fort utile.
Le Dr Lépine, lui, n’en est pas convaincu : « Si faire de l’exercice et mieux s’alimenter s’avère aussi efficace que la rosiglitazone, pourquoi le gouvernement ne donnerait-il pas le choix aux patients, notamment en créant des incitatifs fiscaux ou autres qui permettraient de rendre financièrement plus accessibles l’abonnement à un gym ou l’achat de certains types d’aliments? »
À noter que plusieurs chercheurs qui ont participé à cette étude ont déclaré être associés à des géants pharmaceutiques dont GlaxoSmithKline, fabricant de la rosiglitazone vendue sous le nom d’Avandia.
Martin LaSalle – PasseportSanté.net
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