Les 12 000 Cris d'Eeyou Istchee vivent sur un vaste territoire de forêt boréale subarctique, bordée par la côte Est de la Baie James, au Québec.
Si la prévalence du diabète dans ces collectivités était faible avant les années 80, le nombre d'individus qui souffrent du diabète a augmenté considérablement au cours des dernières années. En 1989, seulement 4,1 % de la population souffrait du diabète; en 2002, ce pourcentage s'élevait à 12,5 %. Pour l'ensemble de la population canadienne, le taux se situe aux alentours de 7 %.
Jusqu'à maintenant, les essais mis en oeuvre pour contrôler le diabète chez les Cris au moyen d'un régime alimentaire modifié n'ont pas vraiment porté fruit.
Pourtant, les Cris, comme les autres groupes autochtones, traitent les maladies en utilisant des plantes médicinales depuis des siècles avec succès. Les Autochtones de l'Est du Canada ont à eux seuls enregistré 400 espèces de plantes médicinales ayant plus de 2 000 usages, dont bon nombre pour des troubles liés au diabète.
Jusqu'à maintenant, on a analysé certaines de ces plantes pour leur potentiel antioxydant, mais aucune n'a été étudiée pour sa capacité de traiter efficacement le diabète ou ses symptômes.
À cet égard, Santé Canada appuie la recherche sur l'utilisation de plantes médicinales traditionnelles pour le traitement du diabète chez les nations cries du Nord québécois.
Selon le Dr Pierre Haddad, un des principaux chercheurs du projet, « ... il est important d'explorer des façons de traiter le diabète qui s'harmonisent avec la culture et le mode de vie des Autochtones. Les plantes médicinales sont une voie opportune et valable à explorer. » [TRADUCTION LIBRE]
Analyse en laboratoire de la puissance des plantes
En collaboration avec les guérisseurs cris, les chercheurs choisiront un certain nombre de plantes médicinales qui semblent avoir le potentiel de traiter les symptômes du diabète et que l'on considère généralement comme étant sécuritaires.
Des échantillons seront prélevés sur les plantes choisies et préparés selon la méthode traditionnelle. Leurs propriétés chimiques et antioxydantes seront ensuite évaluées.
Les échantillons seront incorporés dans l'alimentation de rats qui ont été élevés de manière à devenir prédisposés au diabète. Les rats seront ensuite surveillés afin que l'on puisse constater les effets des plantes sur leurs symptômes. Les chercheurs essaieront également de déceler tout signe de toxicité.
De plus, des tissus pancréatiques et des tissus sensibles à l'insuline comme le foie, les muscles et les tissus adipeux, prélevés sur les rats par opération chirurgicale, seront exposés aux échantillons dans le but d'observer la réaction.
Harmonie avec la culture crie
Le Dr Timothy Johns, du Centre pour l'alimentation et l'environnement des peuples autochtones de l'Université McGill, en collaboration avec le Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James, entreprendra une étude des habitudes alimentaires des collectivités cries. Cette étude aidera à déterminer des moyens d'intégrer les préparations végétales au régime alimentaire en tant que traitement, à l'aide de méthodes familières aux Cris.
L'étude aidera l'équipe de recherche à élaborer des traitements à base de préparations végétales qui aideront les diabétiques cris à contrôler leur taux de glycémie, tout en étant en harmonie avec leur culture.
Par exemple, les Cris utilisent souvent les produits végétaux sous forme de thé, de crèmes pour la peau, de teintures et en sachets, en tant que supplément alimentaire. Ils n'ont pas tendance à utiliser les comprimés et les capsules qui sont populaires au sud du Canada.
Selon le Dr Haddad, « ce projet représente une manière novatrice d'intégrer la médecine traditionnelle à la science moderne, dans un effort conjoint d'amélioration de la santé des Cris du Nord québécois. » [TRADUCTION LIBRE]
Alain Cuerrier, ethnobotaniste au Jardin botanique de Montréal et membre de l'équipe de recherche, ajoute : « Bien qu'il soit important pour l'humanité d'évoluer et de se renseigner sur la diversité mondiale des pratiques médicales, la préservation du patrimoine est particulièrement importante aux yeux des Premières nations, qui croient fermement que la guérison ne peut provenir que de la terre. Notre projet aidera à renforcer cet élément menacé de leur culture. » [TRADUCTION LIBRE]
L'étude est appuyée par la Direction des produits de santé naturels de Santé Canada, en partenariat avec l'Institut de la santé des Autochtones et les Instituts de recherche en santé du Canada.
L'équipe de recherche interdisciplinaire est composée de : Dr Timothy Johns, directeur du Centre pour l'alimentation et l'environnement des peuples autochtones de l'Université McGill; Dr J. Thor Arnason, de l'Université d'Ottawa; Manon Dugas, directrice de Uschiniichisuu Myupimaatisiiun, Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James; Dr Alain Cuerrier, ethnobotaniste au Jardin botanique de Montréal; et Drs Marc Prentki et Pierre Haddad, de l'Université de Montréal.
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