L'évolution psychologique du diabetique

De nouvelles conséquences psychologiques pour le diabétique

Cet article a pour objet d'analyser l'évolution psychologique du diabétique au regard de l'acceptation de sa maladie. Cette position va l'amener, bien malgré lui, à organiser sa vie autrement. Nous faisons l'hypothèse que la recherche d'un diabète équilibré va le conduire irrémédiablement à une vie équilibrée. L'ensemble du dispositif que le sujet diabétique doit nécessairement mettre en place pour se protéger et prévenir des complications aux graves conséquences  (maladies cardiovasculaires, néphropathie, neuropathie, rétinopathie) oriente un style de vie particulier.
 Le diabétique accède à une véritable philosophie de l'existence  quand il décide d'appréhender son diabète avec le plus grand sérieux. Le rapport entretenu avec sa maladie le conduit à infléchir sa vie vers quelque chose de tout à fait nouveau, dont nous allons essayer de comprendre les mécanismes de formation. Nous traiterons dans un prochain article le versant négatif de cette évolution.


Les exigences de la maladie

Afin de viser et de maintenir un diabète équilibré, le sujet observe des règles et des conduites dont il tirera le meilleur profit pour son changement psychologique. Nous  avons repéré les plus significatifs de ces comportements :
-   Le contrôle de son taux glycémique est une donnée essentielle pour le diabétique. Effectuer une mesure capillaire qutidienne ou fréquente, contrôler sa glyquée sont des actes qui engagent, au-delà de la contrainte, une veille à soi-même, à ce qui se passe à l'intérieur de soi. Cette attention portée à soi rend le diabétique confiant et le rassure sur son état. Il sait où il en est. Et quand il arrive que son diabète soit déséquilibré, il a le pouvoir de le corriger. C'est la possibilité de la mesure et du contrôle qui offre la sécurité au sujet diabétique. Il ne faut pas négliger cet aspect car cela intervient directement sur la confiance en soi.
-   L'équilibre alimentaire invite à penser le "trop" ou le "pas assez" selon les pathologies diabétiques. Là encore une question de mesure dont il faut bien remarquer qu'elle sollicite de la prudence. La prise en compte de son diabète, lors des repas, n'ouvre jamais à l'excès. Cette attitude perspicace devant la table le met à l'abri de la gloutonnerie ou de l'ascèse. A l'inverse des autres convives, le diabétique possède le sens de la distance. Une approche toute particulière de la nourriture qu'il appliquera ensuite et progressivement au monde matériel. La prudence apparait...-   La régularité et la constance. Ce sont en effet des traits caractéristiques du sujet diabétique. Loin de l'improvisation, celui-ci conduit sa vie de manière organisée. Il déjeune à des heures régulières et ne souffre pas de dérapages. Les écarts occasionnent alors des réajustements coûteux. Peut-on imaginer qu'un diabétique ne mange pa à son réveil ? Se passe de médicaments lors d'un déjeuner au restaurant ? Déjeune à 2 heures ou 10 heures d'intervalle ? Contraint à des habitudes de vie structurée, le diabétique en reçoit de nombreux bénéfices, tels que l'efficacité ou la résistance au stress, valables pour l'organisation de sa vie personnelle et professionnelle.
-   Les exercices physiques, souvent recommandés par les medecins diabétologues, infléchissent la relation que le diabétique a de lui-même. D'une image de soi dévalorisée par l'apparition du diabète, le voici "renarcissisé" grâce à la pratique du sport, plein d'une énergie retrouvée.
-   Le calme et la maîtrise de soi apparaissent comme des qualités jouant un grand rôle dans la santé du diabétique. Les émotions fortes comme la peur, la colère, la tristesse ne sont pas les meilleures amies du diabète et provoquent des perturbations dommageables à l'équilibre du diabétique. Sachant cela, le sujet peut prendre soin de ne pas se laisser envahir par les émotions en y travaillant par des exercices de relaxation ou de méditation. Les effets attendus sont au-delà des espérances et contribuent à donner au diabétique force intérieure, calme et sérénité.


Tendre vers un équilibre de vie.

L'évolution psychologique constatée chez les diabétiques peut constituer un aspect positif. La prise en charge de leur maladie les conduit à développer des attitudes et qualités nouvelles orientées vers l'équilibre du diabète, certes, mais qui trouve son prolongement dans un équilibre de vie.
Par les exigences liées au traitement du diabète, le vécu psychologique va s'en trouver modifié, contribuant ainsi à forger une personnalité, un caractère plus enclin à la modération. En devenant attentif à ce qu'il fait, le diabétique développe un état de concentration (qui lui faisait peut-être défaut jusqu'ici ?), une distanciation, aux effets de force intérieure et de sagesse...
D'abord vécue comme une contrainte, l'obligation de suivre certaines règles devient pour le diabétique l'occasion de faire vivre, loin des excés,  des qualités de tempérance et de mesure, vertus si longtemps recherchées par les philosophes.


Norbert Zerah
Psychologue clinicien

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